Arrêté d'effarouchement suspendu... Une décision de justice totalement déconnectée des réalités de terrain !
En 2017, la Confédération paysanne demandait à l'État de mettre en place à l'échelle Pyrénéenne une brigade pour lutter contre la prédation des ours, dans le respect des troupeaux comme du statut de protection stricte dont bénéficie l'espèce ours brun dans le cadre de la directive habitats.
Après 3 ans d'expérimentation, l'efficacité de l'effarouchement a été démontrée par l'OFB et cette mesure a été bien accueillie par les élus et les bergers exposés à la prédation. Ces mesures bien cadrées bénéficiaient également d'une relative adhésion de plusieurs associations de protection de la nature qui considèrent tout comme les éleveurs qu'il est légitime de repousser les ours en situation d'attaque des troupeaux, quand les moyens de protection classiques ne suffisent pas.
L'arrêté pris en 2022 par la Préfecture de l'Ariège permettait de pérenniser l'action de la brigade d'agents assermentés, dans un cadre affiné sur le terrain. Les services de la Préfecture et de la DDT de l'Ariège ont travaillé sur ces arrêtés avec cohérence, technique et du dialogue.
Cet arrêté, comme les arrêtés pris les années précédentes, a été attaqué en référé par une association. Le 5 août 2022, la justice a décidé de la suspension de cet arrêté concernant l'estive d'Ustou Col d'Escots, estimant que les conditions d'urgence et de litige sur le fond sont réunies : risque non nul d'égratigner un ours. La même décision pourrait être rendue la semaine prochaine pour les 5 autres estives situées en « foyer de prédation » et concernées par des arrêtés similaires. Ces décisions entraînent également l'interdiction de l'effarouchement de niveau 1 !
Rappelons que faire fuir un ours à l'aide d'une lumière ou d'un pétard est déjà une dérogation au statut de protection stricte dont il bénéficie. Intervenir pour protéger son troupeau est donc depuis le 5 août passible d'amende. Il nous faut laisser les ours tuer les brebis.
Ustou Col d'Escots est pourtant l'estive où la coexistence avec les ours devient spectaculaire : dérochements en 2019 et 2020, un ours trouvé mort par balles la même année, une bergère qui s'est fait peur à proximité immédiate de 4 ours, etc. Et où la situation évolue malgré tout progressivement avec le doublement du poste de berger et la mise en place de parcs de nuit électrifiés, dans le cadre d'un diagnostic pastoral de vulnérabilité co-construit. Un Groupement pastoral parti de rien, qui garde la tête froide et avance de manière remarquablement constructive dans un contexte pour le moins agité. Une vraie leçon de terrain.
Cette décision de justice est totalement déconnectée des réalités de terrain et reflète une vision de la conservation des espèces inacceptable depuis les estives ariégeoises.
La décision du Tribunal Administratif rompt les bases du dialogue avec l'État, nous oblige à accepter l'inacceptable dans toute sa violence, les pertes récurrentes, la mise en danger des berger·ères, la toute puissance et l'idéalisation des ours en tant qu'espèce protégée.
Pour l a Confédération paysanne cette décision est incompréhensible et inacceptable !